Daisugi, produire du bois sans couper des arbres

Jonathan Dhiver - mise à jour de la 28 décembre 2020

La filière forêt-bois joue aujourd’hui un rôle majeur confirmé dans l’atténuation du changement climatique en France. Le bois constitue un levier d’une économie « décarbonée », qu’une technique forestière millénaire a refait parler d’elle : le Daisugi.

Daisugi, produire du bois sans couper des arbres
Crédit photo : Wikimedia Commons

Daisugi, la méthode japonaise pour produire du bois

Développé au Japon au XIVème siècle, le Daisugi est une technique forestière encore très peu connue du reste du monde, malgré son efficacité avérée.

Une technique forestière millénaire ingénieuse

Le Daisugi est une ancienne technique forestière japonaise, développée pour cultiver le cède de Kitayama, sans recourir à la terre. Cette méthode consiste à produire du bois en taillant massivement le « cèdre mère », pour que seules les pousses les plus droites se développent. Tous les deux ans, le « cèdre mère » est taillé minutieusement à la main, pour ne laisser que les branches supérieures. Après environ 20 ans, les pousses devenues massives sont récoltées comme bois de construction, soit replantées pour repeupler les forêts.

Une des plus anciennes traditions du Japon

Au Japon, l’étalage de certains arbres sans complètement les couper pour produire du bois est une des plus anciennes traditions locales. Le Daisugi est tiré la technique millénaire du bonsaï. Cette technique forestière est notamment répondue dans la forêt de Kitayama, au nord de la ville de Kyoto. Elle est appliquée à des cèdres de hauteur imposante, ce qui en fait une technique visuellement architecturale. Aujourd’hui, le Daisugi est utilisé dans les jardins ornementaux au Japon.

Une technique forestière millénaire ingénieuse
Crédit photo : Wikimedia Commons

Produire du bois beaucoup plus dense

Au fil du temps, le Daisugi a décliné, malgré sa performance en matière de production de bois à destination de la construction, aujourd’hui particulièrement plébiscité.

Production de bois pour la construction

La technique du Daisugi est apparue à une période où la demande en bois de construction a été particulièrement forte au Japon. Le manque de terres droites ne permettait pas de planter suffisamment d’arbres, ce qui rendait la culture des cèdres impossible. Grâce au Daisugi, les Japonais sont parvenus à produire du bois beaucoup plus dense. Du cèdre naturellement très haut, dur et mince, du bois parfaitement adapté à la construction de maisons, bâtiments et de meubles. Le Daisugi permet, en effet, de produire du bois uniforme, droit et sans nœuds.

Lutte contre la déforestation

Le Daisugi a aussi été initialement inventée pour résoudre le problème de la pénurie de plants. Cette technique permet de préserver les forêts et prévient du processus de déforestation. Les générations de cèdres ne sont pas abattues, mais taillées tels de bonsaïs géants. Les arboriculteurs ont ainsi la capacité d’accélérer le cycle de récolte, sans devoir augmenter le nombre de plantations.

Alors que la technique du Daisugi a perdu de sa popularité, elle permet de produire du bois 140 % plus flexible que le cèdre ordinaire. Le bois profite également d’une solidité et d’une densité supérieure à 200 %. Une technique forestière qui mérite une attention particulière des acteurs dans la filière forêt-bois français.

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Actualités

Qu’est-ce qu’un arbre à haute valeur écologique ?

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Dans la gestion durable des forêts, la reconnaissance et la préservation des arbres à haute valeur écologique (HVE) sont essentielles. Ces arbres, souvent identifiés par un triangle bleu symbolique, jouent un rôle crucial dans l’écosystème forestier.

I. Définition et identification

Caractéristiques d'un arbre HVE

Un arbre à haute valeur écologique se distingue par certaines caractéristiques uniques. Il peut s'agir de gros arbres, porteurs d'éléments singuliers comme des décollements d'écorce, un important lierre, ou encore des trous de pics. Ces arbres peuvent aussi être d'espèces moins communes, comme des pommiers ou poiriers sauvages. 

Identifier et préserver ces arbres est crucial pour la biodiversité.

Le rôle écologique

Les arbres HVE offrent habitat et nourriture à de nombreuses espèces. Les décollements d'écorce peuvent abriter des chauves-souris, tandis que le lierre fournit une source de nourriture en hiver. Les fruitiers forestiers, eux, enrichissent la biodiversité végétale et animale.

II. Impact sur la biodiversité

Une source de vie

Même morts, ces arbres continuent d'être une source de vie. Environ 25% de la biodiversité forestière se trouve dans le bois mort ou dépérissant. Les arbres HVE deviennent alors l'hôte d'insectes et de champignons saproxyliques, indispensables à l'équilibre écologique.

Un équilibre naturel préservé

La préservation de ces arbres permet de maintenir un équilibre naturel et une diversité biologique essentielle

Le maintien des arbres HVE est un indicateur de la santé et de la richesse d'un écosystème forestier.

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III. Gestion et conservation

Le rôle de l'ONF et des parcs nationaux

Des entités comme l'ONF (Office National des Forêts) et les parcs nationaux jouent un rôle clé. Dans le Parc national de forêts, par exemple, 8 arbres HVE par hectare sont identifiés, ce qui est supérieur à la moyenne nationale. Cela démontre une collaboration efficace entre l'ONF et les Parcs nationaux pour la mise en œuvre de leurs chartes environnementales.

Des initiatives louables

La désignation d'arbres à ne jamais abattre lors du martelage (désignation des arbres à prélever) est un exemple de gestion forestière responsable. 

“Soutenir ces initiatives est essentiel pour la préservation de nos forêts.”

Conclusion

Les arbres à haute valeur écologique sont plus qu'une simple composante des forêts ; ils en sont les piliers vitaux. Leur préservation est un engagement envers la nature et une reconnaissance de leur rôle inestimable dans l'équilibre écologique. Leur protection est un devoir non seulement écologique mais aussi éthique, crucial pour la santé de nos écosystèmes.

Sources :

  • Office National des Forêts (ONF)
  • Parc National de Forêts
  • Études sur la biodiversité forestière et les arbres HVE

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